Wood Home ou la maison des esclaves: Situé à Lankomè dans la cité d’Agbodrafo près du Lac Togo, le lieu porte un nom fort.

La mémoire ne fait jamais fausse route quand il s’agit de l’histoire. Surtout quand l’histoire porte un essaim de déboires. La maison des esclaves alors appelé porto serugo, porte encore intacte, vivace, le souvenir de la maltraitance, de la déshumanisante traitance dont a été victime nos ancêtres.

cave souterraine où étaient entassés les esclaves .

Les caves souterraines étaient sous la maison du négrier écossais John Henry Wood qui y a illégalement pratiqué la traite négrière de 1835 à 1852 malgré l’abolition de la traite de l’Atlantique par l’Angleterre en 1807.

Ces caves faisaient exactement 1m50 de hauteur. Il était donc impossible pour les esclaves qui y étaient illégalement empaquetés de se tenir debout. Les seules positions qu’ils pouvaient adopter étaient: accroupie, couchée ou assise. Il n’y a aucune lumière dans ce lieu de désolation. Seule une ouverture impossible à emprunter pour s’enfuir permet à la lumière du jour d’y pénétrer. La seule ouverture qui permet d’accéder à la cave est une petite trappe qui tombe sur la pièce principale de la maison.

Trappe à côté de la table permettant de descendre dans la cave souterraine.

J’y suis descendue. Au bout de quelques minutes, je suffoquais et transpirais à grosses gouttes et j’ai imaginé l’enfer que ça pouvait être de rester là dans la même position pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines. L’odeur de l’humidité, des besoins naturels, de la sueur. J’ai imaginé cette puanteur et je me suis dit que ça ne devait pas être marrant d’être pris dans un tel étau.

Sur les pas de nos ancêtres.
Des visiteurs venus du Gabon, du Cameroun, de la Guinée, du Bénin écoutant peinés l’histoire des esclaves d’Agbodrafo.

Nous savons où nous allons mais nous savons surtout où nous n’avons plus envie d’être parce que nous savons d’où nous venons… L’histoire est la mémoire de notre victoire continue….

L’histoire se conte…

Dans les méandres du passé,

Hier, mon âme a voyagé.

Avec mes frères, j’ai retrouvé la case où nos larmes ont coulé.

C’était une bien jolie maison.

Pour des milliers, c’était une prison,

Le point de départ des galères qui mènent tout droit à l’enfer.

Extrait du Poème de Béatrice Pierru PACQUIS